La pénurie s'installe et devrait durer

En présentant, pour la quatorzième fois, son enquête sur les besoins en emploi et en formation dans la logistique, l’AFT-iftim souligne des problèmes de recrutement qui s’amplifient et concernent désormais aussi les cadres.

De plus en plus d’entreprises ayant plus de cent salariés déclarent avoir recours à la sous-traitance. Selon la quatorzième enquête sur les besoins en emploi et en formation dans la logistique réalisée par Jean-André Lasserre pour l’Aft-iftim, alors que 80% de ces entreprises recouraient à la sous-traitance en 2006, cette proportion est passée à 88,7% en 2007. Une progression qui touche principalement le transport, puisque seuls 16,4% des établissements industriels et commerciaux déclarent assurer leurs besoins de transport exclusivement avec leurs fonds propres. "En deux ans, le recours à la sous-traitance en transport a fait un bond de 20%", souligne le président de l’Aft-iftim, Bernard Prolongeau. Ce qui pourrait avoir comme explication la difficulté de recrutement. Puisqu’il est difficile de trouver des chauffeurs, autant sous-traiter le problème. L'étude souligne que le recours à la sous-traitance se fait, la plupart du temps, pour répondre à un regain d’activité, ce qui explique que les donneurs d’ordres hésitent à s’engager dans la durée avec leurs prestataires.

Le papy boom se fait sentir

La difficulté de recrutement rencontrée dans le secteur de la logistique explique que la dimension humaine est désormais prise en compte dans la localisation des établissements. Plus de 7% d'entre eux choisissent désormais de s'implanter près d'un bassin d'emplois, et même plus de 24% pour les secteurs de l’industrie et des équipements mécaniques. Mais la proximité de grandes infrastructures routières reste prépondérante pour 42% des établissements interrogés.

Si le développement durable devient une donnée prise en compte par les entreprises, cela se limite encore à la reverse logistic et à la rationalisation du transport.

Un quart des entreprises ont vu leur effectif augmenter l'an passé. Le transport est le secteur qui a le plus embauché : plus d’une entreprise sur deux a recruté en 2007. Les recrutements ont concerné des remplacements de départs en retraite dans 18% des cas, contre un peu plus de 11% un an auparavant. Mais, dans 67% des cas, on a aussi recruté pour faire face à un surcroît d’activité.

Difficile de recruter, même des cadres

Le commerce et le transport sont les deux secteurs qui souffrent le plus de difficultés de recrutement. Plus de 47% des entreprises de transport disent avoir eu du mal à recruter l’an passé. Fait nouveau, cette pénurie ne concerne plus uniquement les opérationnels : on manque aussi de cadres. 34% des entreprises disent ne pas trouver de candidats. La pénurie est à la fois quantitative et qualitative. La principale difficulté de recrutement rencontrée pour les postes de cadres, techniciens et agents de maîtrise s’explique par un manque de candidats, à qui l’on reproche leur manque de motivation dans 40% des cas. Les candidats, eux, se disent peu motivés par les rémunérations proposées, pour 43,7% d'entre eux. Ils sont 40% à craindre la pénibilité des emplois proposés, mais seulement 19,7% à être rebutés par les contraintes horaires.

Intérim et formation au secours

Du coup, le recours à l’intérim explose : 76,3% des entreprises l'ont utilisé en 2007, contre 65,7% l’année précédente. "L’intérim passe devant l’ANPE en matière de placement pour la première fois", souligne M. Lasserre, qui note aussi une baisse significative des candidatures spontanées.

Bonne nouvelle pour les salariés en place : pour faire face au manque de candidats, les entreprises jouent la promotion interne. 40% d'entre elles disent y avoir eu recours l’an passé. Celles-ci ont souvent été accompagnées de formation : 66,6% des sociétés ont fait de la formation continue en 2006, contre 45% un an auparavant.

Près de 15% des entreprises disent avoir pris un étudiant en stage dans le cadre d’un contrat d’apprentissage ou de qualification. Cela n'est plus un moyen de sélectionner des candidats, mais plutôt une façon de les attirer. Quand on ne trouve plus personne, prendre un stagiaire devient une façon de recruter. De ce fait, le BTS / DUT devient le diplôme privilégié pour près de 45% des entreprises recrutant des techniciens ou agents de maîtrise.


https://www.aft-iftim-securite.com/AFT/Info15.nsf/piecesjointes/2EBB37208D653815C1257401004D270C/$FILE/14e-enquete-logistique-AFT-IFTIM.pdf?OpenElement